Monsieur le Premier ministre,
Alors que vous aviez engagé des consultations préalables entre les groupes parlementaires et le Gouvernement avant de rendre vos premiers arbitrages budgétaires, vous n’avez pas souhaité rencontrer à nouveau les forces politiques depuis les décisions que vous avez présentées aux Français le 15 juillet dernier.
Je regrette votre choix. En effet, seule une courte audition en commission des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat de Madame de Montchalin a été organisée, ne permettant pas d’éclaircir vos annonces encore moins de nous faire connaitre précisément les changements radicaux que nous demandons au nom, faut-il le rappeler, du premier groupe de l’Assemblée nationale mais surtout, de la force politique ayant largement gagné en voix les dernières élections européennes et législatives.
L’absence de consultations s’est ajoutée à des déclarations hasardeuses de ministres, aggravant les inquiétudes légitimes des Français pendant l’été. Cette situation, on ne peut plus confuse, ne peut qu’accentuer les tensions à la rentrée prochaine.
Cette situation est d’autant plus regrettable que les principales sources réelles et utiles d’économies réalisées depuis la nouvelle mandature viennent des propositions du Rassemblement national, à savoir une baisse drastique de l’aide au développement, une rationalisation de la trésorerie et les dépenses excessives des agences de l’État, une réforme de l’apprentissage ainsi que des efforts sur les régions. Force est de constater qu’une meilleure prise en compte des propositions du Rassemblement national aurait pu éviter des coupes dommageables dans les investissements d’avenir que vous avez choisis de faire en 2025 au mépris de toute rationalité économique et sanitaire, notamment les budgets de la recherche, de l’agriculture et du sport.
Comme nous l’avions clairement annoncé lors des consultations préalables à vos annonces, les arbitrages que vous avez rendus sont profondément injustes pour les Françaises et les Français mais, de surcroît, ils échoueront à rétablir les finances de la France.
Nos compatriotes savent faire des efforts, mais ils ne tolèrent plus les sacrifices à la fois injustes et inutiles. Depuis 40 ans, ils ont déjà accepté des taux de prélèvements obligatoires très lourds malgré la détérioration des services publics et de notre protection sociale en croyant rétablir les comptes de la Nation. En vain ! Faute d’une gestion pertinente de l’argent public par les gouvernements successifs.
Votre plan poursuit la politique conduite par Emmanuel Macron depuis sept ans et plus généralement, par l’ensemble des dirigeants politiques depuis 40 ans. Les mêmes causes entraineront donc les mêmes échecs, à la différence près que notre pays ne peut plus se permettre de perdre ni temps, ni argent.
En premier lieu, vous refusez de vous attaquer aux grands tabous qui minent la France.
Premier tabou : le coût lourd et hors-contrôle de l’immigration familiale et de peuplement que nous subissons. Avec l’Observatoire de l’immigration, nous estimons ce coût à plus de 60 milliards d’euros annuels dont au moins 18 milliards sont facilement récupérables en réservant les aides sociales non contributives à 5 années de cotisation effective. Lors de négociations et dans l’attente d’un referendum constitutionnel, nous avons proposé trois ans de cotisation effective afin de respecter ce qui semblerait être la jurisprudence du Conseil constitutionnel.
Deuxième tabou : la contribution à l’Union européenne. Nous avons pris note de « la réduction de la hausse » de la facture pour 2026 qui devait être de 7,3 milliards d’euros et qui ne serait finalement que de 5,6 milliards. Cette hausse énorme reste inacceptable. Il existe des dizaines de milliards d’euros de crédits européens à annuler dans des politiques toxiques et inutiles (action extérieure de l’UE, financement de l’élargissement et de la Turquie, subventions massives à nos concurrents déloyaux du marché intérieur, etc.).
Néanmoins, permettez-moi de prendre acte avec satisfaction de voir s’effondrer la propagande répandue depuis des années sur l’impossibilité technique de renégocier notre contribution financière à l’UE. Je déplore que ce mensonge odieux ait faussé l’ensemble des campagnes électorales depuis 10 ans au moins.
Nous demandons ainsi que la contribution brute de la France redescende à 20 milliards d’euros.
Troisième tabou : l’organisation de l’État, ou plutôt sa désorganisation, le poids de la bureaucratie et des agences ainsi que le mille-feuille administratif que l’on peut chiffrer à plus de 60 milliards d’euros.Certes, vous avez annoncé, manifestement inspiré par le Rassemblement national, une simplification des lois, normes et règlements avec un dispositif d’élimination des textes inutiles. Cependant vos chantiers semblent bien flous et anecdotiques par rapport à l’immensité des allégements à opérer. Par exemple, nous ne voyons rien venir sur la sur-administration de l’éducation nationale, de l’hôpital ou des collectivités territoriales. Il faut compter dans ce chantier les surcouts dans les marchés publics de tous ordres, des nouvelles formes d’ententes ou de manque de concurrence effective qui gangrènent notre pays. Ce chantier est d’autant plus majeur, Monsieur le Premier ministre, qu’il permettra, en plus des économies réalisées, de relancer l’économie, l’innovation ou le goût du travail, tous entravés par un État obèse.
Enfin, vous ne vous attaquez pas à certaines dépenses qui restent particulièrement mal employées voire toxiques pour l’économie : les 6 à 8 milliards d’euros gaspillés dans le déploiement à marche forcée des énergies intermittentes au détriment du nucléaire et de l’hydro-électricité ; les milliards engagés dans des programmes de rénovation thermique dont l’ensemble des rapports indiquent qu’ils partent en fumée dans la fraude ou l’inefficience des travaux ; les milliards perdus dans des politiques de formation professionnelle qui ne remplissent pas leurs objectifs ou encore les milliards d’euros de politique du logement sans résultat acceptable. La liste n’est hélas pas exhaustive.
La lutte contre les fraudes sociales et fiscales doit être réellement menée au-delà des effets d’annonces. Je prends acte de votre volonté personnelle de poursuivre les premiers efforts engagés depuis quelques années, reprenant essentiellement des dispositifs défendus par le Rassemblement national. En revanche, le détournement par Éric Lombard des dispositions votées pour lutter contre la fraude « CumCum » était intolérable. Cette manœuvre démasquée par les parlementaires, interroge sur la réelle volonté du gouvernement de lutter contre les fraudes.
Cette liste des grands chantiers d’économies à opérer met en exergue l’absence de réformes structurelles d’ampleur du plan que vous proposez. Alors que les forces politiques qui soutiennent votre gouvernement détiennent tous les pouvoirs depuis sept ans, vous semblez collectivement incapables de vous réformer vous-mêmes.
Ainsi, vous avez besoin de calculer l’évolution future des dépenses de l’État, le fameux « tendanciel » pour exagérer des économies virtuelles. En réalité, les dépenses de la France vont encore augmenter de 29 milliards en 2026.
Face à ce véritable « tonneau des Danaïdes » de la dépense publique, vous êtes réduit à multiplier encore et toujours les impôts, taxes et privations diverses contre les Français pour près de 20 milliards d’euros.
Nous n’accepterons pas, Monsieur le Premier Ministre, un seul centime de contribution financière, directe ou indirecte, des Français tant que les chantiers d’économies précédemment évoqués n’auront pas été engagés avec efficacité et bonne foi.
Par ailleurs, faut-il rappeler que le Rassemblement national n’envisage pas de hausse de la contribution fiscale des plus privilégiés et la taxation des rentes abusives (sur-profit, sur-achat d’actions, sur-dividendes, etc.) qu’à la condition expresse que cette justice fiscale permette de baisser les impôts à due proportion pour les classes moyennes et populaires, favoriser la natalité des familles françaises ainsi que relancer l’économie réelle.
Nous estimons en effet que la justice fiscale n’a de sens que si elle se conjugue avec rupture nette contre la mauvaise gestion de la dépense publique, le tout avec une politique de croissance.
A ce titre, je vous rappelle que la politique énergétique que le bloc central cherche à imposer à travers la PPE est tout simplement suicidaire, menant à un nouveau doublement de la facture énergétique des Français. Il faut au contraire tout faire pour baisser les coûts et les prix de l’énergie, en particulier de l’électricité. Je note que les lignes semblent bouger puisque Gabriel Attal a repris, toute honte bue, notre proposition de viser un prix de l’électricité français à 50€/MWh au lieu des 100€/MWh que son groupe parlementaire soutient avec votre gouvernement.
Je profite de ce courrier pour porter à votre connaissance le rapport rédigé par Alexandre Loubet au nom du groupe Rassemblement national et voté par l’Assemblée nationale, comportant plus de 130 propositions pertinentes pour réindustrialiser notre pays.
Monsieur le Premier ministre, le redressement des comptes publics et la relance de l’économie française nécessitent des solutions de rupture avec la politique menée depuis 40 ans dans notre pays et singulièrement depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
Le groupe Rassemblement national ne choisira jamais la politique du pire, en particulier quand le pire s’incarne le mauvais plan que vous proposez.
Ne laissez pas, Monsieur le Premier ministre, le macronisme conduire le pays vers un abime certain. Rompez avec cette politique, il est encore temps.
Je vous prie, Monsieur le Premier ministre, de bien vouloir agréer l’expression de ma très haute considération.
Marine Le Pen